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Une politique turque ambigüe

Bien que jusqu'à récemment,  la Turquie ait choisi une politique d'ouverture des frontières, de nombreuses limites persistent. Tout d'abord, la politique d'ouverture des frontieres permet aux réfugiés munis d'un passeport d'atteindre la Turquie. Les réfugiés sans pièce d'identité ne peuvent pas traverser sauf si besoins médicaux ou humanitaires urgents. Ce qui implique que la majorité des réfugiés traverse la frontière de manière irrégulière. Malgré les efforts du gouvernement turc pour répertorier tous les réfugiés du pays, les chiffres officiels sont en deçà de la réalité. En effet, les réfugiés hors camps enregistrés représenteraient 50% ou même moins du nombre de réfugiés en octobre 2014 (Struggling to survive : refugees from Syria in Turkey, Amnesty International, 2014).

Certains évitent l'enregistrement car il requiert l'installation dans la province d'enregistrement. D'autres ont peur d'interagir avec les agences gouvernementales après de mauvaises expériences en Syrie. La sousestimation du nombre de réfugiés entraîne une mauvaise adaptation des services sociaux, éducatif,  sanitaires.. aux réfugiés syriens. En outre, les difficultés économiques des réfugiés syriens se sont atténuées par la difficulté d'obtenir un permis de travail. Les travaux irréguliers sont le nid de discriminations et d'exploitations. En moyenne, les réfugiés Syriens gagnent entre 30% (à Istanbul par exemple) et 80% d'un salaire turc. Dans ces conditions, beaucoup d'enfants sont obligés de travailler pour fournir un support financier a leur famille (Struggling to survive : refugees from Syria in Turkey, Amnesty International, 2014).

 

D'autre part, il faut souligner la difficultés pour les organismes internationaux de prendre place dans l'environnement associatif ce qui ralentit l'aide extérieure vers la population syrienne de Turquie. Les opérations en direction des réfugiés Syriens sont mises en place par l'organisation gouvernementale turque l'AFAD. Les ONG et la société civile ont du mal à trouver une place dans cet environnement non incifatif où les ONG internationales doivent se soumettre à des démarches opaques et complexes qui durent des mois voire des années. Cependant, on dénote un poids grandissant des ONG internationales humanitaires en Turquie qui étaient 20 en 2014 contre 3 un an avant (Struggling to survive : refugees from Syria in Turkey, Amnesty International, 2014)Ainsi, les problèmes de pression sociale et économique se font de plus en plus sentir en Turquie, principalement dans le Sud-Est où la proportion de réfugiés est la plus importante. Le risque est que la crise des réfugiés ne se transforme en crise globale, touchant toute une partie de la population turque rendue plus vulnérable par les pressions économiques et sociales .

 

Le rapport "Education without borders : a report from Lebanon on Syria’s out of school children" de Kevin Watkins souligne l'échec de la réponse humanitaire en matière d'éducation apportée à la crise syrienne et accentuant le risque d'une "génération perdue". Selon ce rapport, la proportion de réfugiés recevant de l'aide en termes de nourriture, d'habitat, de santé ou encore d'éducation à décliné. On dénote un grand décalage entre les besoins des réfugiés et ce qui leur est fourni. Cependant, la Turquie a su être exemplaire des les premiers mois de conflits en Syrie en investissant beaucoup de moyen dans l'accueil et l'accès aux services des réfugiés Syriens. 

 

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